Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de voir fa Bergere dans cette nonchalance, qui fembloit ajoufter encore quelque chose à sa beauté, la pria de ne fe point hafter, afin qu'elle luy peuft elle mefme attacher fon voile & fa coiffure, qu'il falloit auoir long-temps pratiquee pour la fçauoir bien accommoder, auec de femblables difcours. Aftrée fe leuant vint fa lüer la Druyde, & luy donner le bon-iour, auec vne grande humilité & affection, qui luy fut renduë de mefme : & ce pendant Phillis s'acheuant d'habiller, vou, loit ayder à Alexis, qui la refufant doucement & s'agençant auec grande adreffe, témoignoit bien qu'elle auoit plus veu de ces habits là que de ceux de Druyde, dequoy toutefois les Cergeres ne s'aperceuans point, l'a

[ocr errors]

tribuoiết plustost à la dexterité de fon efprit & de fes mains, qu'à toute autre chose : fi bien que Phillis, voyant qu'elle luy eftoit inutile, adreffa fa parole à Aftrée, & luy dit, le croy, ma fœur, que ie pourrois bié auoir le loifir d'aller voir coniment le porte Diane, & d'essayer de l'amener auant que vous foyez toutes deux habillees, car ce n'eft pas en vfer comme noftre ancestre nous l'ordonne, que de la laiffer fi longuement feule,auec le déplaifir qu'elle reffent. Quel est l'ennuy qu'elle a? demanda incótinent Alexis, luy eft-il aduenu.quelque malheur? Aftrée alors en fouf-riant, luy répondit, Encore que celuy qu'elle reffent, ne foit pas des plus grands, fi ne laiffe-il de luy eftre fort fenfible: mais Madame, il ne faut pas vous importuner d'oüyr

nos petites affaires, cela ne feroit que vous ennuyer. Et alors faifant signe à Philis, Allez ma fœur, luy dit-elle, vous acquiter de ce deuoir d'amitié,& fi vous pouuez, amenez la quand vous reuiendrez,& nous luy témoignerons toutes que ce qu'on luy a dit,eft vne mefchaceté, que les Dieux permettront qu'elle foit verifiee.Et fi vous reuenez bien toft vous nous retrouuerez icy encore', ou peut-eftre dans le petit bois de coudre, me femblant que Madame s'y plaist dauantage que par tout ailleurs. En difant cela Philis fortit de la chambre, & Alexis répondit, En tous les lieux où ie puis eftre auec la belle Aftrée, i'auoüe que ie m'y plais plus que ie ne fçaurois dire, & qu'au contraire lors que ie fuis efloigné d'elle, il ny a lieu qui ne me foit defa

greable. C'eft à moy, Madame, re pliqua la Bergere à qui vous deuez laiffer dire ces paroles, à moy dif-je, qui n'ay autre contentement que celuy d'eftre aupres de vous, ny autre plus grand defir que d'acquerir l'honneur de vos bonnes graces: Ne defirez point, dit Alexis, ce que vous poffedez fi abfolument. Si le Ciel, adioufta la Bergere, m'a voulu rendre fi heureufe par deffus toutes mes efperances, ie confesse Madame, que ie n'ay rien plus à fouhaitter, finon la conferuation de ce bien; duquel vous m'affeurez, & de pouuoir employer les iours qui me reftent en vous feruant, fans vous efloigner, & pour cet effet, j'ay defia fupplié la Nymphe Leonide de me fauorifer de fon crédit, & de fon aduis, & quoy que les difficultez qu'elle me

propose luy femblent ne pouuoir eftre furmontees, fi eft-ce que ie les trouue fort aifees pour obte nir vn fi grand bien. Que s'il n'y en auoit point d'autres ie me reputerois la chofe trop facile, & prefque fans difficulté, car elle me rapporte la volonté de mes parens qu'elle eftime eftre vn puissant obftacle au bon-heur que ie recherche mais puifque le Ciel m'a rauy mon pere & ma mere, quels parens me refte-il qui puiffent me violenter & m'empefcher de me dédier au feruice de Tautates, qui eft vn deffein à ne deuoir eftre contrarié de perfonne: elle m'a oppofé auffi les pretenfions de Calydon, dont ie me mocque extrémement, bien qu'il bien qu'il me pense defia

:

que Pho

fienne; parce ( dit-il cion l'agree, & luy a promis fa

« AnteriorContinuar »